Si la rédaction de Lords of Rock est souvent le théâtre de discussions enflammées quant au fait d'encenser en bloc un album, voici cette fois-ci un objet nous clouant le bec à tous et sans exception. Où l'on parle ici de véritable album et non pas de collection de singles. Mais n'était-ce pas déjà le cas sur Oracular Spectacular, premier album de MGMT, puisqu'il s'agit d'eux? Vous vouliez de nouveaux des tubes pour le MGMT 2010 ? Vous serez servi, il n'y en a pas... A grand album, dossier complet sur le cas MGMT.

MGMT: collossal

Si la rédaction de Lords of Rock est souvent le théâtre de discussions enflammées quant au fait d’encenser en bloc un album, voici cette fois-ci un objet nous clouant le bec à tous et sans exception. Où l’on parle ici de véritable album et non pas de collection de singles. Mais n’était-ce pas déjà le cas sur Oracular Spectacular, premier album de MGMT, puisqu’il s’agit d’eux? Vous vouliez de nouveaux des tubes pour le MGMT 2010 ? Vous serez servi, il n’y en a pas… A grand album, dossier complet sur le cas MGMT.

S’il y a un groupe qui a marqué les esprits de tous en 2008, c’est bien MGMT avec leur album ORACULAR SPECTACULAR. Et pourtant: il ne s’agit pas de leur premier album, ou plutôt de leur première apparition médiatique. Leur premier morceau, “Kids”, existe depuis 2004 et a été sorti sur un EP nommé TIME TO PRETEND. Six titres au son brut, où le groupe usait de sampler au lieu de batteur. Le groupe était donc bien connu de la scène New-Yorkais bien avant la sortie de l’album officiel par lequel beaucoup d’entre nous ont découvert le duo. Album qui fera leur succès quasi immédiat et qui fera couler beaucoup d’encre entre les jeunes exaltés archi fan et les amateurs de la première heure outrés d’un tournant juger trop «mainstream». Pourtant ORACULAR SPECTACULAR est et restera un grand album, produit par David Fridmann, qui a travaillé sur les produits des Flaming Lips, les grands maîtres de la musique psychédélique contemporaine.
Mais c’est le live qui a entaché la réputation du groupe, n’étant pas qu’en deçà de l’album et usant à l’excès de samples. Ajoutant à cela des voix mal assurées, on croyait déjà annoncée la mort de MGMT, le groupe qui n’aurait fait qu’un seul album sans jamais réussir à se relever (Klaxons, au hasard). En 2009 se glissait cependant parmi les lives des morceaux comme “Congratulations” qui n’apparaissait alors sur aucun enregistrement et qui annonçait déjà une suite.

 

Le monde est-il prêt pour ce MGMT-là ?

 

Ensuite? Le silence. Le groupe ne sera que fustigé sur le net, jugé comme un groupe hype, la grande arnaque de 2008. Jugé surestimé sur tout rapport et ceci allant même jusqu’à jusqu’à des émeutes envers le groupe (voir ici) qui scandent : “marre de la pop, on a déjà eu ces cons de Beatles”. 
Fin 2009, pourtant, MGMT refait surface, avec la future pochette qui fit scandale : un « chat-vague » qui tente d’avaler un chat surfer : un mélange de Félix le Chat et une cartouche de Sega Megadrive le tout dans couleurs criardes au possible (pochette réalisée par Anthony Ausgang). MGMT mort et enterré? Pourtant un malheureux Jpeg laché et le monde s’enflamme. Il a même été possible un moment d’écouter en ligne un premier extrait de l’album (“Flash Delirium”) suivi de cette vidéo (ici) qui montre Andrew VanWyngarden couché sur un lit comme chez le psychiatre et qui explique qu’il fait un rêve récurant violent auquel il se sent impuissant. Vidéo mystérieuse, qui préconise la médecine Voodoo en guise de remède et qui annonce surtout la sortie officielle de l’album pour le 12 avril 2010.
Or, il n’aura pas fallu attendre aussi longtemps: le 20 mars dernier apparaissait le premier leak (à comprendre la première fuite) de l’album intitulé finalement CONGRATULATIONS. La où la plupart des groupes et majors ne peuvent que rester impuissante par ce phénomène, MGMT réagit très (trop?) vite en proposant le site où ils écrivent : « Hey everybody, the album leaked, and we wanted you to be able to hear it from us. We wanted to offer it as a free download but that didn’t make sense to anyone but us » et ceci sans l’accord de leur label. Pour parler simplement, MGMT cherche-t-il les emmerdes?
Essaient-ils de racheter leur âme ? Où est-ce simplement un coup marketing? La réponse, peut-être, avec cet album et l’analyse ci-dessous de notre rédacteur en chef.

 

 

 

 

Puissions-nous attendre sa sortie physique…. Où l’envie est si présente de dévoiler ce non-ORACULAR SPECTACULAR, où l’envie est si présente d’enfin y découdre avec ce groupe qui nous avait tellement émerveillé avant de nous avoir énervé fin 2008 (des EP géniaux, bruts, puis… la méga hype, des pépites – “Time To Pretend”, “Electric Feel” – souillées en tubes FM) où l’on sait que chroniquer ce CONGRATULATIONS dans l’année à venir est presque un crime : oui, cet album est important. Ici, oublions avec respect les très bons Beach House, XX, Vampire Weekend et même Liars : MGMT fournit, aux dernières heures d’un rude hiver 2010, la première pierre angulaire de la décennie.

 

Oui, cet album est important

 

Un non-ORACULAR SPECTULAR donc : où tout semble être devenu si organique, d’un sang froid flippant, d’une anti-agitation à la “Kids”, le regard tourné vers le rétroviseur, direction le très connu (la bande-son des 50’s, les Beach Boys, Bowie, Small Faces, Queen…) et le « différent », la bravoure d’être unique, la patte MGMT. Où son caractère est instantanément saisissable sur l’ouverture – et quelle ouverture !- “It’s Working “, loin, très loin de “Time To Pretend” qui érigeait une entrée triomphante du premier LP : un refrain absent, un clavier caché pour un clavecin, une toute autre prétention en fait… Et pourtant, “It’s Working” nous secoue de sa sublime mélancolie avant d’éclater en quasi-surf pop tortueuse. C’est con à dire, mais on avait pas entendu tel hymne cafardeux depuis The Libertines, morceau à se graver sur le bras tellement qu’on pourrait y croire. Et même si ces paroles clamées en chœur sont peut-être faciles : « love is only in your mind and not your heart ». Le ton change avec le très glam “Song For Dan Treacy” soutenu par un orgue et une basse étriqués, avec sa rythmique d’hipsters, ses voix multiples, tantôt en écho, tantôt nonchalentes. Sans oublier, forcément, de botter en touche une structure convenue. MGMT a-t-il autant changé que cela ?

 

 

 

 

Souvenez-vous de “4th Dimension Transition” sur le précédent LP ; sa comptine abrcadabrante, succédant au quasi-disco “Electric Feel” et au, hum, prenons des risques, difficilement écoutable “Kids”. Pour sûr que ce morceau a souvent été zappé des platines. Et pourtant, et pourtant… Hors du temps, on pourrait dire, et étrange, forcément. Prenez encore le génial final “Future Reflection” et ainsi vous aurez le point de départ de CONGRATULATIONS – produit à nouveau par David Fridmann auquel s’ajoute Pete Kember de Sonic Boom et collaborateur de Spacemen III. Une pop qui se laisse le temps de se louvoyer, empruntant les contours des divinités Flaming Lips. Il faut écouter ce “Flash Delirium”, titre platiné au funk brillant tourné en pastorale baroque à rendre fou Freddie Mercury, tout comme oublier l’éxacerbé “Brian Eno”, sens dessus dessous, au refrain dingue, aussi futé que cramé, au final fonçant droit dans le mur. Le bel hommage sincère… Parmi les autres grands coups, il y a cet instrumental au nom douteux, “Lady Dada’s Nightmare”, trop mesquin pour ne pas susciter l’intérêt du people moyen ou du lecteur de Vogue. Au niveau musical, on pense, logiquement, à du Sébastien Tellier des grands jours dans ce décorum pastel-70’s. Encore un effort et Gainsbourg serait presque fier de MGMT…

 

Gainsbourg serait presque fier de MGMT…

 

Reste que le duo n’a pas construit son collossal second album à coup de psychédélisme glam à tout va. Le duo sait aussi baisser la garder et rappeler les étourdis par le pop “Someones’s Missing” (qui ne reconnaît pas ici une structure et une basse à la Motown ?) et “I Found A Whistle”, superbe à en vouloir sauver le monde en trois minutes chrono. Notre génération a sa lovesong à elle, mièvre peut-être, mais définitive. Terminons nos propos sur le soft folk “Siberian Breaks”, à mi-chemin entre Midlake et The Mamas and The Papas, sans oublie le crochet The Who version TOMMY. Le monde est-il prêt pour ce MGMT-là ? Tirons quelques constats finaux : CONGRATULATIONS est un album très personnel, fait à rappeler pour un groupe qui au tel succès. Sa production est dans une orientation résolument vintage, ce sans plantage flagrant. Ce LP affirme une vraie passion pour la musique (comme la chanson élogieuse pour le producteur Brian Eno et parallèlement la provocation sans parole de “Lady Dada’s Nightmare”). Cet album va durer, c’est quasi certain. Toutes les conditions sont réunies: pas de tubes, des morceaux solides comme une Schwarzenneger, une prise de risque gigantesque. Une dernière quasi certitude: on ne verra pas MGMT de sitôt proche de chez nous, si l’on en croit les rumeurs salariales circulant à leur sujet. En même temps on connaît certains prêts à débourser un million de dollar en 2010 pour Eminem…

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3 comments

  1. Re: Congratulations
    J’entends là-derrière du Belle & Sebastian, et ça me plaît forcément.

  2. Julien Gremaud

    Re: Congratulations
    c’est sûr!
    Une pop proche de la perfection.
    Que Belle and Sebastian revienne et on serait totalement comblé.

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